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Pierre Hermann Claude Félix est né le 5 juin 1878 à Grandchamp. C'est le troisième  fils de ses parents, Félix et Hélène née Bovet, bien après Jean (1860-1913), et Isaac, né et mort en 1874.

 

Pierre grandit dans un foyer empli de sagesse et de piété, et surtout entouré d'une nuée d'enfants issus des œuvres entretenues par ses parents à Grandchamp. Son père – âgé et qui aura de tout temps une santé fragile – se consacre à l'éducation et à l'élévation spirituelle de « ses » enfants, incluant tous ceux de Grandchamp dont, bien entendu, ses fils! C'est ainsi que Pierre, comme Jean deux décennies plus tôt, apprendra les langues vivantes et mortes au point d'offrir en guise de cadeaux d'anniversaires à son père – et ce, dès avant d'avoir eu dix ans – des poèmes en italien, allemand, anglais mais également grec et latin, voire hébreu. En raison des ennuis de santé de son père, les vacances de Pierre enfant se déroulent souvent, pour de longues périodes, en des lieux accueillants d'Italie.

 

Au cours de ses études de lettres et de philosophie à l'université de Neuchâtel, Pierre entame une relation épistolaire avec Amy Babut, fille d'un pasteur nîmois ami de la famille, Charles Babut. Cette relation mène à un mariage le 19 juin 1903, jour où l'on célèbre à Grandchamp la double noce de Pierre et Amy ainsi que de Jean (frère de Pierre) et de Mathilde. La même année, Félix s'éteint (en septembre), non sans avoir reçu la nouvelle d'une naissance attendue, celle de Marc (1904-1948), qui sera suivie de trois autres, celles de Jean-Jacques (1905-1990), de Daniel (1907-1992) et de Geneviève (1913-1987).

 

La carrière de Pierre a fait l'objet d'un article rédigé par Jean Piaget au lendemain de son décès et paru dans le Journal de Genève des 4-5 décembre 1965, que l'on reproduit en partie ici :

 

Né à Grandchamp (Neuchâtel) le 5 juin 1878, Pierre Bovet s'y est éteint le 2 décembre 1965. Après des études de lettres et de philosophie, P. Bovet enseigna cette dernière discipline à l'Université de Neuchâtel. Sa thèse sur « Le Dieu de Platon » fut suivie de quelques articles sur le pragmatisme, mais, dès ce premier enseignement, P. Bovet s'orienta vers la pédagogie, organisant des conférences très vivantes et créant la « Collection d'actualités pédagogiques » qui connut un grand succès. Aussi bien, quand Claparède fonda l'Institut Jean-Jacques Rousseau en 1912, songea-t-il aussitôt à son ami Bovet pour en prendre la direction. Tôt après la guerre, Bovet fut appelé à la chaire de pédagogie de l'Université de Bâle, mais Genève sut le retenir en créant pour lui une chaire de pédagogie expérimentale à la Faculté des lettres. En 1925, P. Bovet ajouta à ses charges celle de directeur du Bureau international de l'éducation […]. Sous sa direction eurent lieu deux conférences internationales dont une à Luxembourg sur le bilinguisme […]. S'intéressant au sentiment du devoir, Bovet publia des travaux décisifs montrant que deux conditions sont nécessaires et suffisantes pour engendrer un tel sentiment: 1) que le sujet (en particulier l'enfant) reçoive des consignes et 2) qu'il les accepte, c'est-à-dire qu'il éprouve pour celui qui les donne un sentiment sui generis d'affection et de crainte mêlées, qui est le sentiment de respect. […] Bien avant que Freud élabore sa théorie du «surmoi», Bovet analysait donc les rapports d'enfants à parents en des termes plus précis fournissant l'essentiel des mécanismes du surmoi. Dans cette même veine, Bovet publia un petit livre sur « Le sentiment religieux et la psychologie de l'enfant » où il montre le rôle du sentiment filial dans la genèse des sentiments religieux.

 

Un autre ouvrage de Bovet, qui connut un vif succès, a porté sur « L'instinct combatif » et il y montre que, tel l'instinct sexuel dans la perspective freudienne, l'instinct combatif est susceptible d'évolution, de transferts et même de sublimations. Sur le terrain proprement pédagogique, P. Bovet s'intéressa à toutes les questions et savait admirablement les relier les unes aux autres et chacune à la psychologie. Il se préoccupa entre autres du problème des examens et publia une étude à la fois pertinente et savoureuse sur « Les examens de recrues ».

Pierre (1878-1965)

Pierre (1878 - 1965)

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