Claude Jean-Jacques II – dit Claude – est né le 26 mai 1783 à Boudry. Il est le premier des six enfants de ses parents, Claude Jean-Jacques et Marie née Pâris.
Entré tôt (vers 17 ans) à la fabrique de Vauvillers, Claude y fait montre de son caractère impétueux; parmi ses premières attributions, il a la charge de la représenter aux foires bisannuelles de Francfort, où il se rend en 5 jours de diligence (avec escales à Soleure, Bâle, Müllheim). De cette grande ville, il ramène des objets introuvables à Neuchâtel : « des lunettes vertes et une peignette anglaise pour maman, un sac de nuit pour papa, un tambour pour mon frère Frédéric, 12 jambons de Mayence, une caisse d'eau de Cologne ». Pour lui-même, il choisit: « un cordon rouge pour ma montre, un gilet blanc, des rubans de souliers, un fouet, des éperons, des bottes pour monter à cheval, … ainsi que l'Odyssée de Virgile ».
Quant aux foires, les affaires commencent à se ressentir du protectionnisme (français avant tout) et de l''inondation de produits anglais. Claude doit, en 1803, constater que « la foire ne va que d'une fesse » ! Il en revient cependant toujours avec de nouvelles commandes, faites sur la foi d''échantillons qu'il apporte avec lui.
En 1807, Claude Jean-Jacques II épouse Suzette Fels, fille d'un pasteur de St-Gall établi à Lausanne, âgée comme lui de 24 ans. Le mariage a lieu à Concise et est suivi de grandes réjouissances à Boudry, où les fêtes dureront quatre à cinq jours, avec autant de dîners plantureux. Le couple aura trois enfants: Fanny (née en 1807), Philippe (1809) et Charles (1811).
Claude est un marchand influent de la place dans les temps difficiles que connaît l'indiennerie – et la population en général – au début du XIXe siècle. Il est le premier à miser sur l'automation, en achetant en 1810 déjà des rouleaux d'impression: les résultats ne se feront pas attendre. Après la fermeture du très lucratif marché français en 1805, des quotas d'exportations doivent être négociés même avec la puissance « protectrice », la Prusse: grâce à sa production et à la débrouillardise de son chef, la Fabrique de Vauvillers reçoit le second quota en importance après la Fabrique Neuve de Cortaillod. Claude fera le voyage de Berlin à deux reprises, envoyé par la communauté des indienneurs neuchâtelois pour négocier des facilités. (voir « Les indiennes »).
En 1840, Claude fait l'acquisition, pour 103'000 francs neuchâtelois, des bâtiments et terrains de la Fabrique d'indiennes de Grandchamp, puis de son mobilier dont l'inventaire recèle d'utiles précisions: « une vieille vache ramelée rouge, un quartier de la tétine gauche de derrière passablement enflammé, indiquée par le valet d'écurie comme devant porter ». Le 25 septembre 1842 est un jour de gloire pour Claude: à l'occasion d'un grand dîner offert par le roi de Prusse aux notables de sa Principauté, les indienneurs sont invités à lui présenter, dans une petite salle du château de Neuchâtel, les pièces imprimées à son intention, avec un art tout particulier. Le souverain admire les indiennes, spécialement une grande pièce pour salon d'été représentant les vues du Saut-du-Doubs et du Château de Valangin ornée de guirlandes de roses et présentée en termes élégants et choisis par Claude.
Claude Jean-Jacques II passe ses dernières années alternativement entre Grandchamp et le château de Roche dans le Doubs, acheté par son père en 1796. C'est dans cette propriété qu'il décède en 1851, âgé de 68 ans. Il sera ramené et enterré à Boudry.
Claude Jean-Jacques II (1783-1851)
Claude Jean-Jacques (1783 - 1851)