Naissance d'une industrie
L'industrie des toiles peintes – plus précisément imprimées – de toiles importées des Indes (d'où leur nom) en Europe dès le XVIe siècle a gagné la Suisse et principalement les cantons de Genève (1691) et Neuchâtel (1713) après l'interdiction de leur fabrication et de leur vente promulguée en France et en Angleterre. Sans le savoir, le protectionnisme français – au profit des fabricants de drap de laine et de toile de lin – a permis le développement de ce qui allait devenir, avec l'horlogerie et la dentelle, l'une des premières industries de Suisse romande, qui allait procurer un emploi durant quatre générations à des milliers d'ouvriers et d'ouvrières et causer la fortune des premières familles d'entrepreneurs du canton de Neuchâtel.
Le pionnier des « indienneurs » neuchâtelois est Jean Labran, qui a ouvert dans le Val de Ruz la première entreprise d'impression de toiles en 1715. Les circonstances rocambolesques de cette implantation méritent d'être rapportées : ayant appris les rouages du métier auprès d'une entreprise genevoise, Jean Labran s'en retourne dans sa patrie ; il y est accueilli par la brigade qui l'incarcère pour vol de pots à imprimer. L'affaire ne sera apparemment jamais élucidée, ce qui vaudra à son protagoniste principal de recouvrer la liberté après quelques … à la tour des prisons. Il est ainsi tout à fait possible que l'introduction de l'indiennerie en terres neuchâteloises soit le fait d'un des premiers épisodes d'espionnage industriel de l'histoire !